Dans les organisations multi-marque, la gestion du CRM soulève un défi de taille : centraliser les données pour une vision unifiée, sans freiner l’agilité locale des équipes.
Ce dilemme est courant dans les groupes et les réseaux de franchises.
Trop de centralisation rigidifie les processus, trop d’autonomie, et les données deviennent incohérentes, difficiles à exploiter. Alors comment trouver le bon équilibre ?
Cet article explore une approche pragmatique pour structurer un CRM capable de garantir la cohérence des données tout en préservant la flexibilité locale.
L'objectif ? Concilier pilotage global et efficacité terrain.
Les défis d’un CRM multi-marque : entre centralisation et silos
Dans un environnement multi-entités, la gestion des données dans le CRM devient un enjeu stratégique. Deux approches opposées se présentent souvent : la centralisation rigide ou l’autonomie totale.
Chacune comporte ses limites.
Les risques d’une centralisation excessive
Vouloir tout uniformiser depuis le siège peut rapidement provoquer des blocages sur le terrain :
-
Rigidité des processus : les équipes locales ne peuvent plus adapter leur méthode de vente à leur marché.
-
Perte d’agilité : les ajustements opérationnels deviennent longs et dépendants du niveau central.
-
Résistance au changement : imposer un outil non adapté à la réalité terrain freine l’adoption.
Les dérives de l’autonomie complète
À l’inverse, laisser chaque filiale gérer son propre CRM sans cadre global crée d’autres problèmes :
-
Silos de données : des clients en doublon, des champs incohérents, des méthodes divergentes etc.
-
Difficulté de reporting consolidé : impossible de comparer ou agréger les données au niveau groupe.
-
Perte de synergies : chaque entité travaille de son côté, sans capitaliser sur les apprentissages communs.
Comment structurer une architecture centralisée et flexible ?
%20(21).png?width=1150&height=520&name=Featured%20image%20OK%20(1150%20x%20520%20px)%20(21).png)
Pour concilier cohérence des données et efficacité locale, la solution n’est ni dans le contrôle total ni dans le laisser-faire. Elle réside dans une architecture CRM hybride, où le socle est commun, mais les usages restent adaptables.
Ce qui doit être commun à tout le groupe
Certaines briques du CRM doivent être partagées par toutes les entités pour assurer l’homogénéité :
→ Une base clients unifiée : un même contact ne doit exister qu’une seule fois dans le système, même s’il est suivi par plusieurs filiales.
→ Un catalogue produits centralisé : chaque entité accède aux mêmes références, libellés et conditions.
→ Des règles de gestion communes : qualification des leads, niveaux de maturité, étapes du cycle client, etc.
Ce que chaque filiale peut adapter
L’autonomie locale est essentielle pour coller aux réalités du terrain :
→ Des processus de vente ajustables : adaptation des pipelines, méthodes de négociation ou suivi commercial.
→ Des champs spécifiques : chaque entité peut enrichir les fiches avec des données propres (ex : numéro SIRET en France).
→ Le respect des contraintes locales : RGPD, fiscalité, normes sectorielles.
Assurer la cohérence globale
Cette double logique nécessite une circulation fluide de l’information :
→ Synchronisation automatique des données clés vers le niveau central.
→ Adaptation locale des interfaces ou formats sans déformer les données d’origine.
→ Mécanismes anti-doublons et de nettoyage pour préserver l’intégrité de la base.
Un bon CRM doit permettre à chaque entité d’être autonome sans être isolée, et au siège de piloter sans étouffer.
💡 Bon à savoir : HubSpot propose une fonctionnalité native de détection des doublons basée sur l’email ou le nom de l’entreprise. Pour les groupes, l’ajout de règles personnalisées via les workflows Pro/Enterprise permet d’éviter la création multiple d’un même client dans différentes entités, tout en conservant les spécificités locales.

Comment réussir la mise en œuvre technique et humaine ?
Solutions technologiques
Le choix d’architecture CRM dépend fortement de la complexité du groupe et de ses objectifs. Une instance unique permet de centraliser les données tout en segmentant l’activité par entité via des Business Units ou des objets personnalisés.
À l’inverse, une approche multi-tenant, avec des instances distinctes interconnectées, peut offrir davantage d’autonomie, tout en assurant une synchronisation vers une base centrale.
L’intégration avec l’écosystème existant (ERP, outils marketing, logiciels de devis ou de téléphonie) est indispensable pour garantir une circulation fluide de l’information.
Enfin, les tableaux de bord doivent permettre un pilotage global tout en offrant des vues détaillées par entité.
📌 À noter : Plusieurs groupes accompagnés par MI4 ont mis en place une architecture HubSpot centralisée avec segmentation par Business Unit. Cela permet de conserver une base unique tout en adaptant les pipelines, les vues et les automatisations à chaque entité locale.
Gouvernance des données
La gouvernance des données ne peut reposer sur une logique descendante. Elle doit s’appuyer sur une structure partagée, où le niveau groupe assure la cohérence globale tandis que les entités locales restent actrices de leur propre gestion.
Cela passe par une coordination formelle (comité de pilotage transverse) et une répartition claire des responsabilités.
Les évolutions du CRM doivent suivre un processus de validation rigoureux, afin d’éviter les modifications sauvages qui compromettraient l’intégrité de la base.
"Dans un groupe multi-entités, réussir son CRM ne se résume pas à connecter des outils, c’est avant tout aligner des visions. La technologie ne remplace pas la gouvernance, elle l’amplifie quand elle est bien pensée."
- Stéphane Viaud-Murat, CEO chez MI4
Accompagnement du changement
Le facteur humain reste déterminant dans la réussite d’un projet CRM multi-marque. Pour faciliter l’adoption, il faut former les équipes locales avec des contenus adaptés à leurs réalités opérationnelles. Mais la formation seule ne suffit pas.
%20(20).png?width=1150&height=520&name=Featured%20image%20OK%20(1150%20x%20520%20px)%20(20).png)
Il est essentiel de communiquer régulièrement sur les bénéfices partagés et de donner du sens à la démarche. Un support centralisé, réactif et bien identifié, permet également de lever les blocages techniques ou fonctionnels.
💡 Bon à savoir : HubSpot Academy offre des formations gratuites adaptées à différents niveaux de maturité. Pour une adoption plus rapide en contexte multi-sites, il est recommandé de coupler ces ressources avec un programme interne de formation contextualisé.
Conclusion
Unifier les données dans un CRM tout en respectant l’autonomie locale n’est pas un simple compromis technique : c’est un projet stratégique. Cela suppose de structurer intelligemment l’outil, de définir des règles de gouvernance claires et surtout, d’impliquer les équipes dès le départ.
Le bon équilibre consiste à centraliser ce qui doit l’être – données clients, catalogue, indicateurs – tout en laissant aux entités la capacité de s’adapter à leur terrain. Cette approche hybride favorise à la fois la performance globale et l’engagement local.